Au début du 21ème siècle, la population mondiale continue à être confrontée à des grands changements sociaux, économiques, géopolitiques et climatiques. Ces changements constituent des facteurs de stress sévères et prolongés nécessitant un effort d’adaptation rapide et soutenu, mettant à l’épreuve la santé mentale des groupes les plus vulnérables les exposant à des états de détresse psychologiques et des décompensations psychiatriques.
La lutte contre la stigmatisation et l’exclusion, la promotion des droits de l’homme et la protection des populations vulnérables, enfants, femmes, personnes âgées, malades mentaux et minorités, constituent des priorités des politiques mondiales de ce début du 21ème siècle. En Afrique, malgré les efforts consentis afin de respecter les droits fondamentaux des citoyens, le chemin reste long avant d’atteindre les objectifs escomptés et de réduire les inégalités entre les différents groupes de la population et d’améliorer leurs conditions économiques et médico-psychologiques.
La population africaine et majoritairement jeune, donnant à la santé mentale des enfants et des adolescents la priorité dans les programmes de promotion de la santé dans les différents pays. Cette population mérite la plus grande attention à cause de sa vulnérabilité et son exposition aux risques des maladies de la précarité sociale, économique et affective. Les conduites addictives, les risques de délinquance et la violence subie de cette population est à l’origine d’une détresse psychologique sévère et la décompensation de pathologie psychiatriques des plus sévères.
Les changements climatiques de ces dernières années sont à l’origine de sècheresse et de désertification de régions de plus en plus nombreuses et étendues de part le monde. Ce phénomène particulièrement inquiétant en Afrique, pousse des populations entières à la migration et à l’exode forcés et les expose aux risques de développer des troubles psychiatriques liés à l’insécurité, la pauvreté, le rejet, l’acculturation et la stigmatisation.
En plus de ces catastrophes naturelles s’ajoutent les conflits armés, fréquents dans notre continent, donnant lieu à l’apparition et/ou l’aggravation des troubles psychiatriques post traumatiques qui nécessitent une prise en charge spécifique, souvent lourde et prolongée.
Le développement rapide des technologies a permis d’avoir des acquis précieux, diagnostiques, thérapeutiques et dans le domaine de la recherche neuropsychiatrique. Le recours à ces nouvelles technologies est répandu dans les pays développés, beaucoup moins dans les pays en voie de développement. Les pays africains se trouvent face à l’immense défi de suivre ce mouvement du développement et de se doter des moyens de la psychiatrie moderne basée sur les évidences et les technologies de pointe d’une part et de préserver leurs spécificités ethniques et culturelles d’autre part. Ce défi est d’autant plus difficile à relever que le poids des traditions est grand et que les moyens économiques et scientifiques sont limités. La disparité entre les pays face à cette problématique implique des stratégies de promotion de la santé mentale différentes d’un pays à un autre.
C’est pour débattre de tous ces sujets et d’autres, que ce premier congrès régional africain, est organisé par la Société Tunisienne de Psychiatrie en collaboration avec l’Association Mondiale de Psychiatrie à Hammamet (Tunisie) les 8,9 et 10 décembre 2022. Nous aurons l’occasion de partager les expériences des différentes pays d’Afrique et d’autres pays du monde, dans le domaine de promotion de la santé mentale et discuter des moyens de développement de la psychiatrie dans nos pays respectifs et des moyens de collaboration et d’entraide afin de relever les défis que nous rencontrons au début de ce siècle.
Cette rencontre à l’échelle continentale constitue une précieuse opportunité permettant aux participants des différentes régions de se connaître, de tisser des liens et de développer des réseaux entre les différentes institutions et équipes travaillant sur des sujets d’intérêt commun visant à promouvoir la santé mentale de nos populations.
Le comité d’organisation de ce congrès vous invite à faire de cette rencontre un évènement historique marquant le début de ce siècle par le saut de la coopération, de l’échange et de l’espoir de vivre dans un monde meilleur, dans lequel les populations des différents pays africains puissent jouir d’une bonne santé mentale et d’une bonne qualité de vie.
